ARROSAGE D'UN BONSAÏ
La pluie est certainement le meilleur des arrosages. Cependant, elle ne dispense pas d’arroser si elle est insuffisante (c’est souvent le cas au regard des quantités d’eau nécessaires) ou que la frondaison de certaines espèces (érables par exemple) empêche l’eau d’atteindre la totalité de la surface du pot, près du tronc, en particulier.
Pomme d'arrosage pour bonsaÏ
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C'est le nombre d'années qu'il faut, selon la tradition japonaise, pour apprendre à arroser correctement les bonsaï !
Le substrat
Encore et toujours, la qualité du substrat est essentielle pour un arrosage réussi.
L’eau est, avec l’air et la lumière, essentielle à la vie des plantes. Qu’un seul d’entre eux vienne à manquer et elles meurent.
L’apport d’eau est de notre seule responsabilité, les autres sont fournis par l’environnement.
Avec le temps, les minéraux fournis par les engrais et l’eau d’arrosage elle-même, s’accumulent et se concentrent dans le substrat.
A terme, si l’arrosage n’est pas efficace, leur concentration devient telle que l’arbre ne peut non seulement plus les assimiler, mais a également de plus en plus de mal à absorber l’eau.
L’arrosage, par le lessivage du substrat qu’il procure, aide à maîtrise cette concentration en sels minéraux.
L’assimilation des engrais et des oligoéléments nécessite leur dissolution dans l’eau.
L’arrosage permet donc également - indirectement - de nourrir nos arbres.
Les racines respirent.
Lors de l’arrosage, l’ancien air retenu dans le substrat et dont l’oxygène a été consommé, est éliminé et remplacé par de l’air frais.
Au cours des chaudes journées d’été, l’arrosage de l’intégralité de l’arbre en pluie fine fait baisser la température des feuilles et du substrat de plusieurs degrés, diminuant d’autant le stress du bonsaï face à ces conditions.
Cette réponse, largement répandue et quelque peu sibylline, nécessite, même si elle est exacte, de réelles explications.
Il est nécessaire d’apporter la quantité d’eau nécessaire et suffisante, à une fréquence adaptée, qui permet de répondre au "Pourquoi" de l’arrosage, sans pour autant noyer les racines de façon permanente.
Concrètement, l’arbre a besoin de plus d’eau dans des conditions comme :
le printemps (les feuilles se développent),les périodes de vent (à toutes les saisons),après une période de gel,pendant l’été (bien que dans les périodes de fortes chaleur, l’évaporation des feuilles soit ralentie par un mécanisme de protection physiologique), ...
Il a besoin de moins d’eau :
Pour bien comprendre ces mécanismes, la rubrique « Physiologie » peut également être utile.
Un des moyens de déterminer si l’arrosage est nécessaire est de vérifier si la surface du substrat est sèche. Si tel est le cas, l’arbre doit être arrosé.
Les substrats que nous utilisons changent de couleur en fonction de leur niveau d’hydratation : clairs, ils sont secs ; foncés, ils sont humides.
Cette méthode présente cependant un risque en cas de pluie légère qui ne fait qu’humidifier la couche supérieure du substrat, laissant croire qu’il n’est pas nécessaire d’arroser.
En cas de doute, et avec un peu d’habitude, il est possible de soupeser le pot : trop léger, il faut alors arroser.
Cette règle s’applique de manière générale sauf dans deux cas particuliers :
L’usage de soucoupes remplies d’eau dans lesquelles trempent les pots est à exclure sauf pour des espèces très particulieres issues de milieux marécageux.
Un substrat humide en permanence engendre le développement de végétaux tant inesthétiques qu’étouffant pour les plantes (hépatiques, par exemple).
Dans les jardins de bonsaï japonais, le contrôle du besoin en eau est réalisé matin, midi et soir. Il ne s’agit pas d’arroser trois fois par jour, mais de réagir au plus tôt si les arbres en ont besoin.
S’il n’est possible d’arroser qu’une fois par jour, le matin doit être privilégié : il permet de mettre à disposition de l’arbre des ressources en eau pendant la journée, période pendant laquelle il en a plus besoin.
Le mythe selon lequel un arrosage en plein soleil risque de griller les feuilles les plus fragiles par effet de loupe n’est pas à prendre en compte face au risque de déshydratation.
Un arrosage du matin ou dans la journée permet aux gouttes présentes sur les feuilles de sécher plus vite, limitant les risques de maladie fongiques.
Même si les débats sur la qualité de l’eau sont nombreux, quatre points points principaux sont à surveiller.
L’acidité de l’eau a une influence sur certaines plantes acidophiles (azalées par exemple). Hors pluie acide, l’eau de pluie et celle du robinet sont dans des limites en général acceptables.
Une eau trop calcaire (très dure) peut poser des problèmes sur les espèces calcifuges. Elle ne gène pas les érables champêtres, par exemple.
La teneur en chlore de l’eau du robinet est plus problématique.
Si elle est réellement trop forte, il suffit de laisser l’eau reposer 2 à 3 heures avant de l’utiliser, le temps pour le chlore de s’évaporer.
La température de l’eau est également à surveiller, pas tant si elle est trop froide (l’eau de pluie n’est pas très chaude) que si le tuyau d’arrosage a séjourné au soleil.
Le temps d’évacuer l’eau chauffée dans le tuyau, les bonsaï ont le temps d’être ébouillantés.
Compte-tenu de la porosité des substrats utilisés et pour assurer une réelle pénétration de l’eau au cœur de la motte, un arrosage efficace se déroule en deux temps :
L’arrosage est alors complet.
Le substrat doit être arrosé sur toute sa surface : son caractère drainant ne permet pas une diffusion de l'eau par capillarité.
Un arrosage du seul substrat (« par-dessous ») présente trois avantages :
Un arrosage « par-dessus » présente des avantages différents :
Les avantages de l'un sont les inconvénients de l'autre ...
Pour fixer les idées, on peut estimer que la quantité globale d’eau nécessaire à chaque arrosage est de l’ordre du volume du pot.
Elle est distribuée en pluie fine et en deux temps dans la méthode du double arrosage.
Pour vérifier que l’eau pénètre bien au cœur du pain racinaire :
Si le pique est humide sur toute la longueur sur laquelle il a été enfoncé, l'arrosage est satisfaisant.
Les outils utilisés importent peu (arrosoir à fine pomme, lance d’arrosage, bouchon percé d’une bouteille plastique, …) sous réserve qu’ils permettent de créer une pluie fine et qu’ils soient adaptés à la taille de la collection.
Le débit de l’outil d’arrosage doit être adapté à la nature du substrat de manière à ne pas l’éjecter hors du pot et éviter sa saturation pendant l’opération.
L’arrosage automatique, quel que soit le dispositif utilisé, présente l’inconvénient de ne pas différencier les quantités d’eau en fonction des besoins de chaque arbre.
Il est donc à réserver aux périodes d’absence … à condition de s’assurer régulièrement de son bon fonctionnement.
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dernière mise à jour : 27 novembre 2023