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SUBSTRATS POUR BONSAÏ
Le terme de substrat désigne la « terre » dans laquelle sont plantés nos bonsaï. Vaste sujet, objet d’hypothèses et de discussions sans fin, son choix est néanmoins essentiel au bon développement de nos arbres.
La capacité de rétention d’eau d’un substrat (CRE) mesure sa capacité à retenir l’eau dans la structure. Il nous permet de mesurer la réserve d’eau disponible pour le bonsaï après son arrosage complet, selon une procédure de double arrosage menée à son terme.
Le CRE ne prend pas en compte les capacités spécifique de chaque plante à extraire l’eau grâce à ces racines : un pin est plus apte à aller « aspirer » une eau emprisonnée dans de la roche qu’un érable. Il constitue cependant un bon indicateur.
En horticulture, un CRE de l’ordre de 55 % à 70 % est considéré comme favorable au développement des plantes. Compte-tenu des soins que nous apportons à nos bonsaï à travers la surveillance de l’arrosage, nous pouvons accepter des valeurs inférieures à la limite basse.
La capacité de rétention d’air est définie comme le complément à 100% de la capacité de rétention d’eau.
Les radicelles des arbres ont besoin d’oxygène pour se développer et absorber l’eau et les éléments nutritifs. En l’absence d’air, elles pourrissent. Le substrat doit donc laisser passer l’air.
A chaque arrosage d’un substrat suffisamment perméable, l’eau chasse l’air ancien et permet à un air neuf de pénétrer au plus près des radicelles. Un substrat perméable à l’air permet également un arrosage facile et efficace.
Une capacité de rétention en air de l’ordre de 20 % à 30 % est recherchée en horticulture. Pour le besoins de culture d’un arbre en pot, nous devons rechercher des valeurs supérieures à la limite haute.
Mesuré sur une échelle de 1 à 14, le pH (potentiel hydrogène) permet mesurer l’acidité (lorsqu’il est inférieur à 7) ou la basicité d’un milieu (lorsqu’il est supérieur à 7).
Bien que certaines plantes, comme les azalées, camélias et rhododendrons, nécessitent un milieu réellement acide, la valeur optimale se situe en général autour de 6,5, soit très légèrement acide. C’est aux environs de cette valeur que les arbres sont le plus à même d’absorber les nutriments.
La capacité d’échange cationique mesure la capacité d’un matériau à capter les cations (grossièrement les nutriments nécessaires à nos arbres) et à les restituer progressivement.
Dans un substrat à faible CEC, un engrais est lessivé en deux semaines, au fil des arrosages successifs. Avec un CEC élévé, il peut être disponible pour la plante pendant deux à trois mois.
Un bonsaï peut rester plusieurs années dans son pot. Il est donc essentiel que le substrat conserve ses qualités mécaniques sur ce type de durée, afin d’offrir un environnement stable et aéré aux racines de l’arbre.
Les terreaux utilisées habituellement en jardinage ne présentent pas les qualités nécessaires : ils se dégradent relativement rapidement en fonction des conditions de température et d’humidité. Le substrat perd alors ses capacités de rétention d’air.
Depuis plusieurs années, les chercheurs ont mis en évidence l’importance de la présences de champignons dans le sol, les mycorhizes. Ils vivent en symbiose avec les arbres, au niveau des racines, et facilitent l’assimilation des éléments nutritifs du sol. Les bactéries jouent un rôle identique et complémentaire dans l’écologie de la vie des arbres en pot.
Le substrat doit permettre aux mycorhizes et aux bactéries de se développer, ce qui correspond assez largement aux qualités évoqués précédemment.
Au cours du temps, les qualités physico-chimiques du substrat évoluent ; le pH de l’eau d’arrosage modifie celui du substrat, l’apport d’engrais a tendance à le faire baisser.
Les composants au CEC élevé ont un effet dit « tampon » : ils modèrent la variation du pH du substrat au fil du temps.
Il est également possible, lorsque l’eau d’arrosage est acide, de neutraliser la baisse de pH du substrat en apportant, à l’automne, un arrosage avec de l’eau dans laquelle on a laissé décanter de la cendre. Il est, bien entendu, préférable de ne pas introduire la cendre elle-même dans le substrat : elle aurait tendance à le colmater, faisant diminuer sa respirabilité.
Pour des raisons de physique, le niveau d’humidité d'un substrat homogène varie dans le pot : plus le substrat est en profondeur, plus son niveau d’humidité est élevé.
Il faudrait donc, en théorie, faire diminuer sa capacité de rétention en eau manière continue de la surface jusqu’au fond du pot ; ceci est pratiquement irréalisable.
L’approche traditionnellement mise en œuvre consiste à positionner une couche de drainage au fond (composée de la même manière que substrat, mais dans une granulométrie plus élevée) et un couche de surface (d’une granulométrie pus faible). En hiver, cette dernière pose des problèmes de colmatage du substrat et d’installation des mousses : elle peut donc être omise.
Aucun matériau ne possède, seul, les qualités intrinsèques nécessaire pour constituer un substrat adapté à la culture des bonsaï. Il est nécessaire d’en mélanger plusieurs, dans des proportions différentes selon l'espèce et l'âge des arbres, pour obtenir un compromis acceptable.
Les composant étant naturels, les plages de valeurs indiquées ci-dessous pour les caractéristiques physicochimiques (CRE | pH | CEC) peuvent être étendues : elles varient de manière significative selon les gisements, les granulométries ou les modes de préparation.
CRE : 40% à 50% | pH : 6,5 à 6,9 | CEC : 100 à 150
L’akadama est constituée d’une argile extraite au Japon. Après un temps de séchage plus ou moins long, elle est concassée et tamisée selon différentes granularités.
D’un couleur ocre sèche, elle prend une couleur brun rouge une fois humide, constituant le meilleur indicateur du moment d’arrosage.
Elle présente l’inconvénient de s’effriter au bout de 2 à 3 ans ; préférer la qualité la plus dure qui résiste le plus longtemps.
L’akadama est le substrat traditionnel de référence pour la culture des bonsaï.
CRE : 35% à 50% | pH : 6,5 à 8 | CEC : 170 à 250
Les zéolithes sont des roches de type aluminosilicates hydratés cristallisés.
La roche, présente en Europe, est extraite de mines, broyée, tamisée et stérilisée.
Selon le gisement exploité, la composition et les qualités physicochimiques peuvent être très variables. Pour un usage comme substrat pour les bonsaï, un des composants de la roche doit être largement majoritaire (plus de 65%) : la chabazite.
Il présente l’avantage de ne pas s'effriter sous l'effet des arrosages répétés.
Le zéolithe de type chabasite constitue une réelle alternative à l’akadama.
| pH : 4 à 5,5 |
La kanuma est le résultat de la dégradation de roche volcanique.
Extraite au Japon, séchée puis tamisée, elle se présente sous forme de grains de granularités différentes.
Elle présente des qualités de rétention d’eau et en air semblables à celles de l’akadama, à l’exception de son pH plus acide et de sa tendance à se dégrader encore plus rapidement en poussière.
Elle constitue le substrat de base traditionnellement utilisé pour les azalées et peut, en mélange, servir d’acidifiant.
CRE : 15% à 20% | pH : 7 à 8 | CEC : 10 à 15
La pumice est une roche volcanique de couleur blanchâtre, elle est légère et présente une surface lisse.
Elle est présente en Europe.
Sa tructure est stable et ne s'effrite pas sous l'effet des arrosages.
Bien que très poreuse, le pumice ne retient pas longtemps l’eau et les nutriments. Elle constitue un excellent drainant qui contribue à l’aération du substrat.
CRE : 8% à 13% | pH : 5,5 à 8 | CEC : 10 à 18
La pouzzolane est une roche volcanique de couleur rougeâtre dont les grains sont composés de nombreuses infractuosités.
Elle est présente en Europe.
Sa structure est paticulièrement stable dans le temps, et résiste même à l'écrasement.
La pouzzolane, au-delà de ses qualités drainantes, constitue également un excellent support de la vie bactérienne au sein des substrats. Elle présente l’inconvénient de présenter des arrêtes coupantes qui peuvent, parfois, blesser les racines lors des rempotages.
CRE : 0% | pH : 7 à 8 | CEC : 0
Pour renforcer le drainage et la stabilité du substrat, on ajoute du gravier, ou du sable grossier.
Il faut éviter le sable calcaire (qui ne convient pas à de nombreux arbres) et le sable de mer (le sel fait mourir la majorité des végétaux) .
Traditionnellement utilisé pour les pins, le kiryusuma est composé de gravier volcanique.
Extrait au Japon, il apporte un drainage important du substrat.
CRE : 15% | pH : 5 à 6 | CEC : 90 à 100
Contrairement au terreau de feuilles ou au compost, l’écorce de pin ne se dégrade que très lentement dans le temps.
Elle est issue d’une ressource largement renouvelable disponible.
Elle constitue un excellent support de développement des mycorhizes et contribue, en mélange, à faire baisser le pH du substrat.
En plus de son rôle dans la mycorhization et l’hébergement des bactéries, le charbon de bambou a la capacité de retenir certaines molécules toxiques et à limiter le développement de certains agents pathogènes.
Les charbons de bois pour barbecues sont utilisables avec précaution : certains d’entre eux peuvent contenir des substances phytotoxiques.
Les substrats présentent des caractéristiques différentes :
Les besoins d'alimentation en eau de chacun de nos bonsaï dépend de nombreux éléments :
La granulométrie des substrats est également liée aux objectifs de culture :
On peut simplement définir la taille des grains en fonction de celle des grilles des tamis japonais disponibles dans le commerce :
Ces usages selon la taille des grains s'appliquent bien à l'akadama ; ils peuvent être modulés selon les substrats.
Les mélanges ci-dessous sont fournis à titre d’exemples. Il fonctionnent bien dans un climat semi-océanique tempéré en France (Ile de France) et sont à adapter en fonction de chaque situation géographique.
Composition
Granulométrie
Composition
Granulométrie
Composition
Granulométrie
Face à la raréfaction et l’augmentation des coûts de l’akadama en France, ainsi que par soucis de diminuer l’impact écologique de notre pratique, les mélanges expérimentaux présentés remplacent ce composant par du zéolithe de type chabasite de provenance européenne.
Les proportions ont été modifiées de manière à prendre en compte les caractéristiques propres à ce composant.
Composition
Granulométrie
Composition
Granulométrie
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dernière mise à jour : 28 octobre 2024