Attention : si vous accédez au site avec l’adresse «chemin-des-vignes.pagesperso-orange.fr», pensez à modifier votre lien.
La redirection automatique vers «pbonsai.fr» ne sera plus active à partir du 5 septembre 2024 !
PREPARER UN BONSAÏ POUR UNE EXPOSITION
Force est de constater que les expositions de bonsaï cherchent à s’approcher des pratiques japonaises en la matière, reposant sur l’art de la mise en scène traditionnelle de ce pays, le «kazari».
Si on peut s’interroger sur notre capacité intégrer réellement le «kazari» dans notre mode de pensée occidental et d’en comprendre toutes les subtilités, il constitue cependant une sorte de norme de fait.
Ne pas s’en approcher risque d’agacer les plus dogmatiques des visiteurs et - peut-être - de minimiser l’attractivité de l’arbre exposé pour les autres.
S’en écarter délibérément est bien entendu envisageable … encore faut-il que les qualités intrinsèques - ou l’originalité - de l’arbre puissent le justifier pleinement.
12 à 24 mois avant l'exposition
Nous avons tous, pour une raison ou une autre, une relation sentimentale avec chacun de nos bonsaï («C’est mon tout premier !», «Le prélèvement a été compliqué mais il est en forme !», «Il m’a été offert par un proche !», …). Le public d'une exposition ne l'a pas.
Alors, comment choisir celui que nous allons présenter ?
La but premier est de susciter une réaction émotionnelle du visiteur face à l’arbre et de favoriser les échanges avec lui. Au moment du choix, il nous faut faire abstraction de nos sentiments propres pour prendre du recul et objectiver les qualités et défauts du bonsaï. L’avis d’un tiers, moins impliqué émotionnellement et pas trop bienveillant, peut être utile.
Cependant, notre statut d’amateur nous donne une liberté que les professionnels n’ont pas : laisser libre court à notre créativité sans avoir besoin de satisfaire les goûts d’un client en reproduisant des schéma prédéfinis.
Il ne nous est pas interdit non plus de penser exposition d'art : la Kokufu Bonsaï Exibition, la plus grande exposition de bonsaï au monde, se tient au «Tokyo Metropolitan Art Museum».
12 à 24 mois avant l'exposition
Le contexte est à prendre également en compte :
12 à 24 mois avant l'exposition
Une présentation s’inspirant de la tradition japonaise comprend plusieurs éléments :
L’espèce choisie pour la plante d’accompagnement se doit être cohérente avec l’environnement naturel de l’arbre présenté. Elle a également pour objectif d’évoquer la saison en cours pour les bonsaï à feuilles (ou aiguilles) persistantes qui ne présente pas de variation notables au cours de l’année. Le shitakusa peut être également posé sur une tablette de type «jita».
Les présentations regroupant plusieurs des plus petits bonsaï («mame» et «shohin») répondent à d’autres critères qui ne seront pas abordés ici.
12 à 24 mois avant l'exposition
La mise en scène du bonsaï en exposition repose sur une présentation dont la disposition se veut harmonieuse :
12 à 24 mois avant l'exposition
Bien que la présence de mousses sur les pots en exposition semble perdre un peu de systématicité au cours de ces dernières années, elle est néanmoins part intégrante du «kazari». Des esprits frondeurs pourraient imaginer qu’elles sont là pour garder le secret des substrats utilisées ou masquer leur piètre état. Cependant, si elles sont proscrites de nos gazons occidentaux, la culture japonaise en fait des jardins entiers (le climat y étant certainement pour quelque chose ...).
Les mousses qui se développent naturellement sur les pots hors période d’exposition présentent un certain nombre d’inconvénients (cf. «Faut-il conserver les mousses à la surface du pot d'un bonsaï»). Une bonne pratique est donc de les cultiver ou de les acquérir indépendamment pour ne les appliquer sur les pots que deux à trois semaines avant le jour de l’exposition.
Une solution simple consiste à les récupérer lors du rempotage et de cultiver chaque espèce dans l’environnement dans lequel était placé le pot du bonsaï sur lequel elle été collectée. Un substrat constitué de résidus très fins de tamisage de l’akadama, ou de terreau à semis, est en général bien adapté à cette culture
3 à 24 mois avant l'exposition
Rempoter un bonsaï au début du printemps qui précède une exposition est toujours un peu aléatoire. Il peut, en effet, subir un léger stress qui réduit les dimensions de ses feuilles (situation favorable pour une exposition), mais aussi profiter du nouvel espace de croissance des racines pour développer des pousses aux entrenœuds exagérément longs (qui dénaturent la mise en forme), ou prendre le temps pour redémarrer sa croissance (le rendant quelque peu décharné en présentation).
Si le pot actuel n’est pas adapté à l’exposition, il est possible de transférer simplement de la motte dans un pot d’exposition, sans changer de substrat ni couper significativement les racines. Cette opération n’est qu’un acte cosmétique qui n’impacte en rien la nécessité d’un réel rempotage ultérieur répondant aux besoins de culture du bonsaï.
3 à 6 mois avant l'exposition
La présence ligatures sur les branches, et plus encore sur le tronc, des arbres à feuilles caduques n’est pas de mise pour une exposition : elle témoigne d’un bonsaï en formation qui n’a sa place que dans un espace dédié à la pédagogie.
Pour les conifères, les ligatures discrètes et de faible diamètre sont traditionnellement acceptées sur les plus petites branches. Les autres doivent être retirées de l’arbre.
pendant 3 à 6 mois avant l'exposition
Dans les six mois qui précèdent une exposition, les arbres sont en général en période végétative. Il n’est plus question, à ce stade, de réaliser des tailles de structure qui laisseraient des traces trop visibles.
Le travail principal consiste donc à maintenir la forme de l’arbre, par l'ajustement des légères ligatures sur les plus petites branches des conifères et le pincement sur les caducs.
Pour ces derniers, il est cependant possible de continuer à densifier la ramification en effectuant des «tailles de printemps». Dans ce cas, la difficulté consiste à anticiper les réactions de l’arbre face à ce type de travail dans la période l’année concernée. Une approche possible est de noter, au cours des années de culture précédant l’exposition, le temps nécessaire pour que les jeunes pousses atteignent un niveau de maturité suffisant, compatible avec l’esthétique attendue. On ne taille plus si le nombre de jours avant l'exposition est insuffisant.
1 à 2 mois avant l'exposition
Depuis que la composition de la présentation a été imaginée, ses éléments végétaux ont pu évoluer : le bonsaï lui-même, l’éventuelle plante d’accompagnement et les mousses qui ont été cultivée.
Les organisateurs de l’exposition ont également pu communiquer l’espace disponible pour chacun des arbres et l’esthétique de chaque emplacement, en particulier la couleur des tables et des fonds.
C’est le moment de vérifier la mise en situation d’exposition pour permettre de valider l’ensemble dans l’environnement imposé pour, éventuellement, modifier ou remplacer les éléments qui pourraient ne plus être pertinents.
Si l’hypothèse du transpotage a été retenue, c’est également le moment de le réaliser.
1 à 2 mois avant l'exposition
Le nettoyage du pot est d’abord réalisé à l’eau : il est principalement recouvert de composés organiques qui partent facilement moyennant un frottage suffisant avec une brosse.
Les résidus minéraux – du calcaire pour l’essentiel – peut être dissout avec un vinaigre ménager qu’il convient de rincer abondamment.
Sur les pots non émaillés, l’application d’huile avec un chiffon de coton donne un aspect satiné. L’huile de camélia, traditionnellement utilisée pour cette opération, est dite « sèche » : elle ne laisse que peu ou pas de trace.
Le nettoyage de l’arbre lui-même est assez limité à ce stade : enlever des éventuels restes de mastic, les brindilles mortes, les feuilles jaunies ou nettoyer le bois mort constitue l’essentiel du travail.
Si éliminer la mousse et les lichens sur les troncs des caducs fait partie du travail, s’attaquer à celle présente sur celle d’arbre possédant une écorce structurée est plus délicat ; tenter de l’enlever peut détruire une partie attrayante du bonsaï. L'application locale de vinaigre ou d'un produit du commerce à base d'acides caprylique et caprique peut aider.
2 à 3 semaines avant l'exposition
La mise en place des mousses est réalisée en découpant de petits morceaux des mousses préparées à l’avance. Chaque morceau est débarrassé, aux ciseaux, de sa partie ancienne (marron) et de ses rhizoïdes qui lui servent à l’ancrer sur le support : les mousses ne possédant pas de racines et s’alimentant par leurs parties vertes, l’opération est sans danger pour elles. On obtient de petites sections plates qui ne créent pas de surépaisseur notable.
Elles sont apposées sur le substrat les unes à côté des autres en appuyant légèrement sur chacune d’entre-elles de manière à la faire adhérer sans l’écraser de trop. On obtient ainsi une surface composée de petits dômes d’espèces de mousses différentes dans un camaïeu de verts.
Si l’arbre possède un départ des racines (« nebari ») intéressant, il est essentiel d’éviter de le faire disparaitre, sous prétexte de couvrir le pot de mousses.
après l'application des mousses
Pendant toute la vie d’un bonsaï nous prêtons bien entendu une attention particulière à la bonne santé de l’arbre en réagissant rapidement aux attaques de maladies et de ravageurs.
Selon la saison et à proximité d’une exposition, notre vigilance doit s’accroitre : il suffit de quelques heures pour qu’un insecte vienne altérer l’esthétique de l’arbre, voire le rendre impropre à l'exposition.
L’apposition de mousses rend la tâche plus complexe : les oiseaux, à la recherche d’insectes se cachant habituellement au cœur de cette végétation sont prompts à venir enlever consciencieusement chacun des morceaux que nous avons soigneusement placés.
Il en est de même pour les fruits que nous pensions précieusement garder sur l’arbre pour une exposition d’automne.
Une grille ou un filet de protection posé à la surface du pot permet d’éviter les pires catastrophes. Une cage constituée d’une armature bois sur laquelle est posé un grillage à poules est également efficace, à condition de la fixer fermement à la table pour protéger l’arbre d’un déplacement malencontreux.
1 à 2 jours avant l'exposition
Avant partir à l’exposition, c’est le moment de vérifier les derniers détails :
Juste avant l'ouverture de l'exposition
Le transport pouvant engendrer quelques perturbations à notre préparation de la veille ou de l’avant-veille, c’est le moment de répéter les mêmes contrôles et ajustements.
La mise en place présentation dans son environnement réel peut, elle aussi, nécessiter quelques adaptations : il peut légèrement différer de celui communiqué par les organisateurs, en particulier concernant l’espace disponible. A nous de nous adapter en réajustant le positionnement des différents éléments de notre présentation.
Au cours de la période précédant l’exposition, l’arbre a été soumis à de nombreux facteurs de stress : pincements répétés, ligature sur les conifères, éventuel transpotage, transport, changement d’environnement, absence de lumière naturelle sur le lieu d’exposition …
Après son retour à sa place sur son étagère, il est préférable de lui laisser une période de repos d'un ou deux ans au cours de laquelle on s’abstiendra d’entreprendre de gros travaux de taille ou de mise en forme.
Sujets associés
Copyright © 2008-2024 - Tous droits réservés
dernière mise à jour : 28 décembre 2024