PHYSIOLOGIE APPLIQUEE AU BONSAÏ
La physiologie des arbres nous aide à mieux comprendre le fonctionnement de nos bonsaï. Elle a également implications pratiques pour leur reproduction, leur cicatrisation et leur entretien.
Ecorce
L'écorce a pour rôle de protéger l'intérieur de l'arbre contre les agressions externes (chocs, animaux, insectes, ...)
Liber
Le liber est une couche qui transporte la sève élaborée issue de l'action des feuilles pour assurer la croissance et le stockage des réserves.
Cambium
Le cambium, élément actif de la croissance de l'arbre, crée de l'aubier vers l'intérieur du tronc et du liber vers l'extérieur.
Aubier
L'aubier est chargé de transporter la sève brute issue de l'absorption racinaire vers les feuilles.
Coeur
Le coeur ne joue pas de rôle direct actif. Il sert à solidifer la structure de l'arbre.
La circulation de la sève brute vers les feuilles est assurée par la dépression créée par l'évaporation de l'eau à travers les feuilles.
Si l'arbre ne transpire pas, la sève ne circule presque plus.
De même, en hiver (grossièrement en dessous de 8 à 9 °C), la sève présente dans le tronc et les branches se fige et forme des bouchons ; la pompe est bloquée. Au dessus de ces températures, la sève se fluidifie et peut à nouveau circuler.
Pour lever ce doute sur l'arbre ou une de ses branches, grattez légèrement l'écorce.
Si un couche verte apparait, le liber est actif ; tout va bien.
Si ce n'est pas le cas, vous pouvez couper ... ou créer un jin.
Lors du marcottage, il faut couper jusqu'au bois, en enlevant intégralement la couche de cambium.
Par la magie de la différenciation des cellules, le cambium va alors produire des racines.
Si la coupe n'est assez profonde, la cambium va reconstituer de l'aubier et du liber et il faudra alors recommencer le travail.
Pour un bouturage, la tige est coupée complètement.
C'est, comme dans le marcottage, le couche de cambium qui génère les nouvelles racines.
La compréhension du fonctionnement conjoint de deux phytohormones (hormones végétales) à l’intérieur des arbres est un bel exemple de rencontre entre le fruit de l’expérience empirique dans la culture des bonsaï et les découvertes de la science moderne.
Elle facilite l’analyse du comportement de l’arbre après une intervention, et d'envisager de mettre à profit celui-ci en fonction de nos objectifs de culture.
Le développement de l’arbre est, en particulier, piloté par deux phytohormones : l’auxine et la cytokinine.
L’auxine qui est produite par les bourgeons terminaux et les jeunes feuilles. Elle favorise l’allongement des pousses et le développement de l’extrémité des racines existantes, en bloquant celui des bourgeons auxiliaires.
La cytokinine est générée par l’extrémité des racines. Elle est à l’origine du réveil des bourgeons auxiliaires et dormants.
C’est la proportion de l’une par rapport à l’autre qui pilote de comportement de l’arbre. Les cinq cas présentés – bien que caricaturaux – illustrent le principe de ce fonctionnement.
C’est la cas des très jeunes plans, en particulier ceux d’espèces développant une racine pivot.
L’auxine est produite par le bourgeons apical unique : la tige s’alonge et la racine unique grandit en parallèle.
Si on ne la taille pas, l’arbre va continuer sur sa lancée et on a peu de chances de développer rapidement des branches latérales et de diviser les racines.
C’est une situation typique d’un printemps après un rempotage.
Les jeunes pousses se développent. Les racines grandissent sous l’impulsion de l’auxine. La cytokinine n’est pas suffisante pour réveiller les bourgeons latents situées sur le corps des branches.
Laisser les pousses se développer est un bon moyen pour permettre à l’arbre de reformer un pain racinaire.
Cet état d’équilibre est atteint par des arbres matures situés dans de bonnes conditions environnementales : la ramure comme les racines se développent harmonieusement dans toutes les directions.
On peut le recréer lors des pincements et tailles de printemps. En coupant l’extrémité des branches, alors en forte croissance, on diminue provisoirement la quantité d’auxine produite par celle-ci. Un équilibre s’établit avec la cytokinine. Les bourgeons qui n’ont pas débourré au printemps sont alors mobilisés pour créer de nouvelles branches.
Nous favorisons ainsi la ramification.
La cytokinine domine lorsque l’arbre a peu de feuilles par rapport au nombre de racines actives L’arbre réagit en mobilisant des bourgeons latents pour générer de nouvelles feuilles.
C’est le cas après une taille de structure, après un défoliation partielle effectuée au printemps, ou suite un événement climatique (ou maladie) qui a fait disparaitre tout ou partie du feuillage.
En période végétative, cette situation demande beaucoup d’effort à l’arbre qui puise alors dans ses réserves de glucides (sans feuille il ne peut plus en produire).
Ce cas extrême intervient sur un arbre prélevé dont on a élagué les branches ou lorsque nous cherchons à reconstruire un bonsaï à partir de son simple tronc : il n’y a plus de bourgeons terminaux et aucune jeune feuille n’est présente.
La réaction est celle de la survie : l’arbre cherche à développer de branches à tous les endroits ou des bourgeons dormants existent de manière à permettre le redémarrage de son alimentation par photosynthèse.
S’il dispose d’assez de réserves de glucides dans le tronc et les racines, de nombreuses pousses apparaissent de manière pouvant sembler anarchique ; sinon cet effort l’épuise et il finit par mourir.
Marcottage et bouturage
Lors d’un marcottage ou d’un bouturage, l’auxine produite par les feuilles qui ont été conservées déclenche la production de racines à travers la différenciation des cellules du cambium.
Dans le cas d’une bouture herbacées ou semi-ligneuses, il est donc important de conserver des feuilles, tout en les limitant leur surface pour éviter une évaporation trop forte.
Aucune cytokinine n’étant produite dans un premier temps, il est peu probable que des bourgeons dormants soient réveillés.
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dernière mise à jour : 27 novembre 2023